Lyon : les Fortifications de la Croix-Rousse

 

Lyon : les Fortifications de la Croix-Rousse

2000002982373Fortifications de la Croix-Rousse / Plan de Simon Maupin vers 1620.

Les fortifications de la Croix-Rousse s’étendaient du Rhône à la Saône en ligne droite à l’emplacement du boulevard de la Croix-Rousse actuel. Un premier rempart existait probablement depuis le début du XVe siècle à cet endroit en avant du véritable rempart de Lyon qui était aux Terreaux.

Initiative

L’initiative du remplacement des « vieux fossés » par une enceinte bastionnée revient au Roi Louis XII en 1512. La construction commence dès 1513, mais est très lente ; François Ier en 1523 nomme Jean Pérréal responsable des fortifications, dont la construction se poursuit jusque vers 1550 sous l’impulsion de Jean d’Albon.

Plan

À cette date, le Plan Scénographique de Lyon montre un rempart continu, dessiné de manière schématique percé d’une porte avec un pont-levis, la porte Saint-Sébastien. 

Épisode 

Après l’épisode du gouvernement protestant de la ville (1562 - 63), le roi Charles IX et sa mère visitent la ville en 1564. Il décide la construction d’une citadelle en haut des pentes de la Croix-Rousse, pour maintenir la ville dans l’obéissance.

Construite

Construite, elle reçoit en 1565 une garnison royale. Cette citadelle porte atteinte aux libertés de la ville et les Lyonnais réclament sa démolition. 

Revendications

En 1585 Henri III cédera aux revendications des Lyonnais, les autorisant à la détruire, en leur faisant payer 40 000 écus pour lui en compensation. De même en 1602 le Consulat de Lyon craignant que les murailles puissent servir contre la ville obtient que les bastions soient ouverts vers la ville : des murs intérieurs sont donc démolis.

Ensemble

Vers 1600 l’ensemble compte 9 bastions à oreillons reliés par une courtine ; ils sont appelés en partant de la Saône.

1- bastion St-Jean dominant la Saône. 2- bastion Notre Dame. 3- bastion de la Grenouille. 4- bastion de la Tourette 5- bastion de St- André. 6- bastion St-Sébastien. (Porte de la Croix-Rousse), unique porte de l’enceinte au débouché de la montée de la Grand-Côte (rue des Pierres Plantées) donnant accès au plateau par la Grande Rue de la Croix-Rousse. 7- Bastion d’Orléans. 8- bastion St-Laurent. 9- bastion St-Clair au bord du Rhône.

2000002982373Le fort St Jean en 1670.

Charles d’Alincourt

Pendant les années 1630 sur l’initiative du gouverneur Charles d’Alincourt, la fortification est complétée et modernisée par une suite de 6 demi-lunes en avant du rempart entre les bastions : leur emplacement se retrouve aujourd’hui dans le plan triangulaire de certaines places ou rues. 

Fort

En contrebas du fort St-Jean est ouverte sur la rive gauche de la Saône une porte fortifiée, la « porte d’Alincourt ».Au début du XVIIIe siècle les fortifications sont à l’abandon, le bastion St-Clair sera démoli dès 1772 pour ouvrir le quai St-Clair le long du Rhône. Les pentes sont occupées en majorité par des établissements religieux.

2000002982373Plan des Remparts en 1789.

Siège

En 1793 pendant le Siège de Lyon, des batteries d’artillerie sont installées sur les bastions : sur le bastion 1 en direction de Vaise, 5, 6, 7 en direction du plateau et 8 en direction des Brotteaux. En 1796 certains bastions (Orléans et St-Laurent) sont vendus comme Biens Nationaux à des investisseurs privés et la ville doit les racheter en 1819.

Travaux

Pendant les Cent-Jours en mai-juin 1815 sont entrepris dans l’urgence des travaux de remise en état des fortifications de Lyon : on aplanit les bastions et on élève des parapets en terre. Mais il n’y aura pas de nouveau siège de Lyon, car les hostilités sont suspendues le 12 juillet 1815.

Bastions

Les bastions seront cédés à l’Etat en 1832 pour la réorganisation des fortifications (travaux du général baron Rohaut de Fleury directeur des fortifications de Lyon de 1831 à 1837).

Fortifications

Les fortifications sont réparées et consolidées : le bastion St-Jean est incorporé dans un fort constituant un puissant ouvrage superposant 7 niveaux d’artillerie avec des casernes intérieures (1834). 

Chartreux

Le bastion des Chartreux et la porte du même nom encadrent le terrain de manœuvre du Clos-Jouve situé à l’intérieur du rempart. Le bastion 6 très réduit dès les années 1820 inclut la porte de la Croix-Rousse, elle est défendue par la caserne fortifiée des Bernardines.

2000002982373Vue en direction de l’ouest: Porte et bastion des Chartreux.

Caserne

Le bastion St-Laurent est équipé vers 1835 d’une petite caserne fortifiée à 2 étages pour 400 hommes, flanquée d’une porte monumentale avec 2 pavillons d’octroi. Cette porte devait permettre aux soldats des casernes des pentes de sortir rapidement sur le plateau en cas de révolte.

Chute

Dès la chute de Louis-Philippe des militants révolutionnaires commencent la démolition de l’enceinte, qui avait la réputation d’avoir été construite pour contenir les révoltes.

20000029823731853: de gauche à droite la caserne des Bernardines, la porte, caserne et bastion Saint-Laurent.

Enceinte

Ce type de fortification urbaine devient obsolète. L’enceinte est rétrocédée à la ville en 1862 et est percée par le chemin de fer de Sathonay, qui vient faire la correspondance avec le funiculaire de la rue Terme en 1863. Le plan ci-dessous donne l’état des lieux vers 1865.

Porte

La demi-lune entre le bastion d’Orléans et la porte de la Croix-Rousse a été convertie en gymnase militaire (il en reste un portail isolé à l’intérieur du pâté de maisons qui l’a remplacé.) 

Rempart

En 1867, le rempart est démoli pour faire place au boulevard de la Croix-Rousse (d’abord nommé boulevard de l’Empereur), en 1868, la porte St-Laurent est également démolie. Conservés pour leurs casernes, ne restent alors que le fort St-Jean et le bastion St-Laurent.

Caserne

Le fort St-Jean côté Saône héberge une partie du régiment logé à la caserne de Serin en contrebas. Puis il abrite la Défense anti-aérienne en 1939, la Pharmacie Régionale du Service de Santé de 1932 à 1984, puis l’Inspection des services vétérinaires et un magasin de réserve de mobilisation du Service de Santé jusqu’en 1998. 

Réaménagé

Bien réaménagé, il accueille depuis 2004 l’École Nationale du Trésor. Le bastion St-Laurent côté Rhône a hébergé depuis 1936 la Direction Régionale du Service de Santé des Armées, elle a déménagé au quartier général Frère en juin 2014. En 2023, le site de St-Laurent est en voie de transformation en résidence hôtelière.

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