Lyon : 1831 la tour-observatoire de Fourvière

 

Lyon : 1831 la tour-observatoire de Fourvière

2000002982373En silhouette depuis la ville (Revue du Lyonnais, 7-1853).

En 1831 une haute tour carrée à côté de la chapelle de Fourvière a considérablement modifié la silhouette de la colline, vue depuis la ville. Elle attire l’attention sur de multiples peintures, dessins, gravures et photos du XIXe siècle. Elle est toujours là, mais réduite à mi-hauteur, et on ne l’aperçoit guère aujourd’hui.

Lettre

Le 2 janvier 1832 une lettre du préfet de Lyon, Gasparin, sollicite de l’Académie un rapport motivé sur la demande du Sr Gouhenant demeurant à Lyon, rue de la Reine n°38, qui a remis à S A R. Monseigneur le Duc d’Orléans, lors du séjour du prince dans cette ville, un placet dont l’objet est d’obtenir les fonds nécessaires à l’achèvement d’une construction sur la montagne de Fourvière, pour l’établissement d’un observatoire.

Projet

Après la visite des académiciens, le sieur Gouhenant leur fait tenir une longue lettre précisant et développant son projet.

Monument

Le monument sera de 40 pieds plus élevé qu’ils ne l’ont vu, décoré de grisailles figurant les quatre éléments, les quatre-saisons et les quatre vents au-dessus des croisées des trois étages, des têtes de Lyon en bronze aux angles des cordons, et des vases en bronze sur les angles de la terrasse.

Salon

Il y aura un salon au rez-de-chaussée, un atelier de peinture au premier étage, des salons d’exposition au bénéfice des artistes aux 2e et 3e étages, et l’observatoire garni des meilleurs instruments au 4e étage.

Quinquets

Quatre quinquets, multiplicateurs, pourront la nuit s’apercevoir à plus de 80 lieues. Un paratonnerre haut de 30 pieds protégera la ville de Lyon .

Horizon

« De l’horizon immense que l’on découvre sans obstacle, un général pourrait donner des ordres et voir exécuter des manœuvres dans la plaine du Dauphiné, aux redoutes de la Guillotière et des Brotteaux, et devant celles du Mont Essuy ».

But

« Sans autre but que celui d’être utile aux arts et aux sciences, de porter coup à l’ignorance, d’exhorter à l’étude et à l’instruction », le pétitionnaire, qui a « consacré toute sa fortune et épuisé toutes ses ressources », sollicite un don de dix mille francs pour tenir un engagement, et réclame une marque d’honneur et d’encouragement.

Commission

La Commission a disposé d’autres informations. Elle rend compte de ses observations le 6 février 1832. Les dimensions ont été trouvées moindres, avec 8 mètres de côté au lieu de 10 pour le plan, et une hauteur de seulement 29 mètres au lieu de 50.

2000002982373Observatoire de Fourvière en MDCCCXXX J. Pollet archit et ædif. Aug. Flandrin del. Lith. H. Brunet à Lyon – Coste 630, cl. J.B.

Surélévation

La surélévation proposée ajoutera beaucoup à l’élégance de la construction et à l’ornement de la montagne. Mais lorsque le constructeur dit avoir voulu se rapprocher de la tour des vents d’Athènes, c’est en vain que l’on chercherait quelque ressemblance avec elle.

Édifice 

L’édifice sera utile à l’astronomie, s’il est mis à la disposition des savants. Cependant le paratonnerre ne protégera qu’un cercle réduit, et non la ville.

Artistes

On ne voit pas que les artistes ne tirent aucun avantage des offres gratuites qui leur sont faites, ni qu’on puisse du 4e étage diriger des manœuvres, non plus de l’utilité du foyer de lumière pour les voyageurs.

Calculs

Malgré les calculs hasardés de l’entrepreneur et l’étroite limite des avantages qu’il se flatte de procurer, la commission, dans son rapport daté du 7 février 1832 et signé de E. Rey et A. Chenavard, émet le vœu, sous quelques conditions, que le secours sollicité soit accordé. 

Discussion

Cependant, après discussion, l’académie arrête que l’encouragement sollicité doit être refusé. 

2000002982373La chapelle de Fourvière et la tour-observatoire en 1852.

Érection

Dès son érection l’édifice, qui écrase la vieille petite chapelle, sa voisine, est l’objet d’ardentes polémiques à l’époque. « D’un genre bâtard et sans nom, cette grande tour carrée, cette grande masse de moellons, c’est de la barbarie » s’indignent E. Falconnet et L.A. Berthaud dans Lyon vu de Fourvières).

Haut-Clocher

Un Haut-Clocher est érigé sur la chapelle en 1850, et surmonté de la vierge colossale de Fabisch en 1852. La promiscuité insupportable : il faut démolir la tour !

Paul Saint-Olive

Paul Saint-Olive, cependant, en estimant que cette « gaine de cheminée n’a pas beaucoup exercé le gémie de feu Pollet » son architecte (1795-1839), pense que sa démolition serait « un véritable désastre. »

Commission

Une Commission de Fourvière créée en 1853 achète l’observatoire en 1857 et le fait démolir à mi-hauteur en 1858. Ne subsiste que les deux étages sur le rez-de-chaussée qui sert aujourd’hui d’entrée à un restaurant dont la terrasse est célèbre. Seul un œil averti sait reconnaître le bas de la tour-observatoire de Fourvière.

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