Croix-Rousse : la véritable histoire de la vogue des marrons

 

Croix-Rousse : la véritable histoire de la vogue des marrons

2000002982373La "Vogue des marrons" de la Croix-Rousse.

La dernière grande fête foraine lyonnaise, qui remonterait au 17e siècle, c'est une institution à Lyon, au même titre que les Pennons ou les lampions sous les fenêtres. Mais à la différence des deux autres, la Vogue des Marrons n'a pas d'origine précise ni de date patentée.

Date

Si la date du 4 octobre 1851 est souvent mentionnée (En raison d'un arrêté du maire Auguste Cabias), en réalité, il semblerait que les origines soient plus lointaines.

Robert Luc

Un article de Robert Luc, mémoire vivante de l’histoire des canuts et de la Croix-Rousse, écrivain, historien, conférencier, guide et reporter au Progrès mentionne la monarchie. 

Remonter

Il faut remonter au XVIIe siècle pour assister à sa naissance."Souligne l'auteur." Il faut attendre la destruction des remparts et leur remplacement par l'actuel boulevard de la Croix-Rousse, en 1866 pour avoir une vogue proche de l'actuelle.

Fête

On parlait alors de "fête baladoire". La Croix-Rousse, est alors "le lieu incontesté du loisir avec ses 24 fêtes baladoires" écrit Alexandre Nugues-Bourchat dans sa thèse Représentations et pratiques d'une société urbaine : Lyon 1800-1880.

Expression  

L'expression de fête baladoire était alors le plus couramment employé dans la première moitié du siècle avant d’être supplanté par celui de vogue.

Populaire

"La fête populaire lyonnaise par excellence était la fête baladoire ou vogue, variante régionale de la fête foraine, à l’origine organisée par la population et notamment les jeunes, elle était l’expression festive d’un quartier accueillant pour quelques jours toute la ville". 

Déshérence

En déshérence au milieu du siècle, elle fut remise au goût du jour par le pouvoir impérial et fut désormais de plus en plus organisée par des professionnels, malgré tout, elle restait entièrement investie par le peuple qui ne se lassait pas du spectacle. 

2000002982373Lyon en 1869 depuis la Croix-Rousse.

Carnaval

"Nous dirons également un mot du carnaval et des brandons, qui tinrent une place importante dans la cité avant de disparaître peu à peu après 1848."

Accueillir

"Il ne pouvait en être autrement, car accueillir une vogue nécessitait de l’espace, et ce n’étaient pas les ruelles médiévales de Saint-Jean ou de Saint-Paul, pas plus que le lacis enchevêtré courant de Bellecour aux Terreaux qui pouvait s’en charger".

Périphéries

"Il fallait donc s’excentrer dans les périphéries à l’urbanisation incertaine, laissant de larges plages de vide où les forains pouvaient venir planter leurs baraques."

Ville

La Croix-Rousse est alors une ville suburbaine à la ville centre, Lyon (elle fusionnera avec Lyon, par décret de Louis-Napoléon Bonaparte, en mars 1852).

Nom

La Croix-Rousse dont le nom provient du nom d'une croix en pierre jaune-rouge (la pierre de Couzon, au pied des monts d'Or, a cette couleur), qui s'élevait sur l'emplacement du carrefour actuel formé par la rue Coste, la rue de Margnolles et la montée de la Boucle compte alors 19 000 habitants (177 000 dans Lyon).

Vogue

Vogue. Le mot est attesté dès 1552 dans les Alpes et le Lyonnais. Il désignait la fête annuelle patronale d'une localité. 

Dictionnaire

Selon le Dictionnaire de la société des amis de Lyon et de Guignol dont le but consiste à œuvrer pour la conservation et la protection du patrimoine et de ses traditions, à perpétuer l'enseignement du parler lyonnais.

Terme

Le terme viendrait du bas allemand wogon, variation de wagon signifiant littéralement "se balancer". Selon d'autres, vogue signifierait "abondance", "affluence".

Encyclopédie

Dans L'Encyclopédie de D'Alembert et Diderot (1751), les danses baladoires sont "les danses contre lesquelles les saints canons, les Peres de l’Eglise & la discipline ecclésiastique se sont élevés avec tant de force".

Payens

"Les Payens mêmes reprouvaient ces danses licencieuses. Les danseurs et les danseuses les exécutaient avec les pas et les gestes les plus indécents."

Places

On y apprend que "toutes les places et promenades publiques où se tiendra la Vogue seront complètement illuminées au gaz, avec des appareils d'une invention toute nouvelle".

2000002982373Place de la Croix-Rousse.

Autorités

Tirs à la cible, à l’épée et à la boule, courses en sac, casse-pot... Les autorités ont souhaité faire les choses en grand le jour de l'ouverture des festivités sont prévues "des salves de ballons tirées au déclin du jour".

Démarre

La vogue se tient alors sur six jours, mais pas en continu. Elle démarre le dimanche 5 octobre se poursuit les lundis et mardis pour reprendre le dimanche, lundi et mardi suivants.

Programme

Au programme : tirs à la cible, à l’épée et à la boule, courses en sac, casse-pot, tirs à l’oiseau, avec pour prix "une timbale d'argent" ou "une bague chevalière en or".

Entrecoupé

Le tout était entrecoupé de "danses publiques", de "promenade des jeunes gens, avec tambours et musique" et agrémentés de "spectacles de curiosités" et "autres amusements", des illuminations étaient aussi prévues, de quoi attirer la foule. D'autant qu'un grand bal était donné en ouverture de la vogue, d'où le nom de "fête baladoire"

Édition

Dans son édition du 13 octobre 1869, Le Progrès raconte d'ailleurs "la prodigieuse quantité de visiteurs" du dimanche, "à tel point que sur le boulevard de l'Empereur comme sur la grande place la circulation était presque impossible". 

Lendemain

Le lendemain, poursuit le quotidien, "l'affluence était tout aussi considérable que la veille", ajoutant que la compagnie du chemin de fer de la Croix-Rousse avait "dû faire de belles recettes".

Ville

En 1896, la ville totalisait 207 jours de vogues qui s'étalaient de Pâques à Toussaint. "La première était programmée en avril et se tenait quai Claude Bernard. Il y en avait ensuite dans tous les quartiers. 

Dernière

La dernière de l’année était celle de la Croix-Rousse sur le plateau, on y dégustait les premiers marrons de l’année et le premier vin blanc. D’où son nom de "Vogue des marrons", les baraques des forains envahissaient l’espace public."

Trottoirs

Les trottoirs étaient jonchés de pelures de marrons, la Vogue des Marrons est la dernière grande fête foraine historique de Lyon.

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